Persbericht28 juni 2022

Les mesures prises par le G7 pour s'attaquer à la crise alimentaire mondiale ne suffiront pas à sauver les millions de personnes menacées par la faim

Réagissant à la promesse faite par les dirigeants du G7 de débloquer une enveloppe de 4,5 milliards de dollars pour lutter contre la crise alimentaire mondiale, Max Lawson, responsable du plaidoyer politique sur les inégalités chez Oxfam International, a déclaré :

« Face à la pire crise alimentaire à laquelle le monde est confronté depuis une génération, le G7 n'a tout simplement pas pris les mesures qui s'imposaient. Des millions de personnes continueront d’être confrontées à la faim et à la famine. Le G7 laisse en réalité des millions de personnes mourir de faim.

« Le G7 reconnait lui-même que 323 millions de personnes sont au bord de la famine en raison de la crise actuelle, un nouveau record. Nous avons besoin d'au moins 28,5 milliards de dollars supplémentaires de la part du G7 pour financer des investissements dans les domaines de l'alimentation et de l'agriculture afin de mettre un terme à la faim et de combler l'énorme déficit des appels humanitaires de l'ONU. Les 4,5 milliards de dollars annoncés ne représentent qu'une fraction de ce qui est nécessaire.

« De plus, l'affaiblissement de l’engagement des pays du G7 à cesser de subventionner les combustibles fossiles avec de l'argent public est consternant. Cette situation est encore exacerbée par leur manque de progrès dans la mise en place des financements promis aux pays à faible revenu pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et s'adapter aux effets du changement climatique.

« Le refus du G7 de tenir compte de l'appel lancé lors de la COP de Glasgow en vue de renforcer leurs faibles objectifs de réduction des émissions envoie un mauvais signal au reste du monde, en particulier aux communautés vulnérables qui subissent déjà les conséquences de l'aggravation de la crise climatique.

Bis repetita

« Promettre plus de fonds pour lutter contre la crise alimentaire mondiale n'est qu'une partie de ce que le G7 peut faire pour mettre un terme à la faim dans le monde. Les pays du G7 auraient dû proscrire l’usage des agrocarburants qui font augmenter les prix mondiaux des denrées alimentaires, annuler les dettes des pays à faible revenu et taxer les bénéfices exceptionnels de crise générés par les plus grandes entreprises de l’agro-industrie et du secteur de l’énergie. Mais surtout, ils auraient pu s'attaquer aux inégalités économiques et au réchauffement climatique qui sont à l'origine de cette crise alimentaire. Ils n'ont rien fait de tout cela, alors qu'ils avaient le pouvoir de le faire.

« Le G7 s'est tenu au même endroit en Allemagne en 2015, où un engagement avait été pris pour sortir 500 millions de personnes de l’insécurité alimentaire. Sept ans plus tard, on dénombre une augmentation d’au moins 250 millions de personnes supplémentaires confrontées à la faim dans le monde. Nous avons besoin de toute urgence de nouvelles approches pour lutter contre l’insécurité alimentaire, qui s'attaquent aux facteurs sous-jacents tels que les inégalités économiques et le réchauffement climatique. Les efforts actuels ne suffisent pas.

Taxer les bénéfices de crise

« Les bénéfices de certaines entreprises ont explosé pendant la pandémie et le nombre de milliardaires a plus augmenté en 24 mois qu'en 23 ans. Les entreprises du secteur de l'agro-industrie n’ont pas seulement réalisé d'énormes bénéfices, elles ont aussi créé 62 nouveaux milliardaires. Le G7 aurait dû convenir de taxes exceptionnelles pour financer la lutte contre la crise alimentaire actuelle. Il a manqué une énorme occasion de le faire.

« L'Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (GAFS), récemment créée, doit renforcer la mission des institutions existantes chargées de la coordination mondiale de l'alimentation et de l'agriculture, notamment le Comité de la sécurité alimentaire mondiale qui joue un rôle clé dans la définition des politiques liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Il est nécessaire de clarifier les mesures concrètes qui seront proposées dans le cadre de cette initiative, et de veiller à ce qu'un financement suffisant y soit attaché pour qu'elle puisse tenir ses promesses.

« En outre, le G7 doit financer l'appel humanitaire mondial de 46 milliards de dollars qui, bien qu'il ait été multiplié par cinq au cours de la dernière décennie, n'est financé qu'à hauteur de 20 % aujourd'hui. Il est urgent de combler immédiatement les 37 milliards de dollars manquants ».

Climat

« L’engagement des pays du G7 de décarboner la majorité de leur secteur électrique d'ici à 2035 et leur secteur routier d'ici 2030 vont dans la bonne direction, mais ils auraient également dû s’accorder sur un délai pour l’élimination de la production d’électricité au charbon, à l’horizon 2030.

« Nous saluons les partenariats énergétiques de transition juste conclus avec l'Indonésie, l'Inde, le Sénégal et le Vietnam, car de tels partenariats peuvent créer de la prévisibilité et de la fiabilité. Cependant, ces partenariats doivent être soutenus par des engagements financiers pour être efficaces, et la conception et la mise en œuvre de ces partenariats doivent impliquer les communautés locales et les populations vulnérables dès le début, sur la base d'approches réellement participatives, inclusives et équitables pour les femmes.

COVID-19

Malgré le danger croissant que représentent les nouvelles variantes de la COVID-19, et l'incapacité à fournir ne serait-ce que la moitié des vaccins promis il y a un an au sommet de Carbis Bay au Royaume-Uni, seuls 18% des pays les plus pauvres sont entièrement vaccinés. Le G7 continue de défendre les monopoles et la propriété intellectuelle de ses entreprises pharmaceutiques au lieu d'aider les pays à faible revenu à fabriquer leurs propres vaccins génériques.

Notes aux rédactions

  • Une sélection de photos du stunt organisé par Oxfam en Allemagne est disponible via ce lien.
  • Le rapport de la FAO sur l'état de la sécurité alimentaire dans le monde en 2021 (page 10) montre que 615 millions de personnes souffraient de la faim en 2015. D’après le PAM, ce sont 866 millions de personnes qui souffrent de la faim en 2022. Lors de leur dernière réunion en Allemagne en 2015, le G7 avait fait la déclaration suivante dans son communiqué : « Dans le cadre d'un vaste effort impliquant nos pays partenaires et les acteurs internationaux, nous visons à sortir 500 millions de personnes des pays en développement de la faim et de la malnutrition d'ici 2030 ».
  • Selon le service de suivi financier du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), il existe un déficit de financement de 37 milliards de dollars dans les appels humanitaires. Selon le rapport Ceres 2030 : Sustainable Solutions to End Hunger, qui présente un plan décennal pour éradiquer la faim, 330 milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires sur 10 ans et le déficit de financement des donateurs sur cette période est de 140 milliards de dollars, soit 14 milliards de dollars par an. Si l'on ajoute les déficits de 37 milliards de dollars et de 14 milliards de dollars précités, on obtient un total de 51 milliards de dollars par an.
  • La part du G7 dans l'aide totale s’élève à environ 65%, soit 33 milliards de dollars. Les pays du G7 ont promis 4,5 milliards de dollars, soit un déficit de 28,5 milliards de dollars.

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