Dans le camp de Boujdour, un réseau vital redonne souffle à 16 500 réfugiés sahraouis
Camp de Boujdour (Algérie), 17 décembre 2025
Après cinquante ans d’exil et des décennies de pénurie, les réfugiés sahraouis du camp de Boujdour disposent enfin d’un accès fiable à l’eau. Oxfam, avec le soutien d’ECHO (Commission européenne), du HCR et de la coopération suédoise (SIDA), a achevé la construction d’un réseau d’approvisionnement vital pour 16 500 personnes, dans un contexte humanitaire et politique toujours critique.
Un besoin vital dans un environnement extrême
173 000 Sahraoui.es vivent dans cinq camps situés entre 30 et 180 km de Tindouf, en Algérie, dans des conditions d’isolement extrême. Ces camps, établis au cœur de la hammada, un désert aride aux températures torrides, souffrent d’une rareté structurelle de l’eau, qui limite l’activité agricole et compromet la sécurité alimentaire. Pendant des années, Boujdour dépendait entièrement des camions-citernes : lourds, coûteux, inadaptés aux pistes désertiques, ils tombaient fréquemment en panne et augmentaient les risques de contamination.
Un réseau qui change la donne
Ce quotidien a basculé avec la construction d’un nouveau réseau par Oxfam, en collaboration avec la Direction régionale de l’eau de Boujdour et le ministère de l’Eau (MIAMA). Le système comprend 76,7 km de canalisations, 645 bornes-fontaines à moins de 150 mètres des habitations, et deux réservoirs de 320 m³ pour sécuriser l’approvisionnement.
Au total, le réseau dessert 16 500 personnes. Le dernier tronçon, qui s’achève aujourd’hui, est financé par ECHO, marquant une étape décisive pour garantir un accès durable à l’eau dans un environnement marqué par l’aridité extrême.
Durabilité et gouvernance communautaire
Au-delà de l’infrastructure, le projet se distingue par une meilleure efficacité et une utilisation raisonnée des ressources hydriques, essentielles dans un contexte d’aridité extrême. En limitant le recours aux camions-citernes, il réduit l’empreinte carbone et protège l’environnement.
Un contexte humanitaire et politique alarmant
Ce projet intervient alors que la crise humanitaire s’aggrave dans les camps sahraouis, où un enfant sur dix souffre de malnutrition aiguë. Le Sahara Occidental reste inscrit sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU. Le cessez-le-feu de 1991 prévoyait un référendum d’autodétermination qui n’a jamais eu lieu. Aujourd’hui, la reconnaissance du plan d’autonomie marocain par plusieurs puissances fragilise encore la cause sahraouie et prolonge une situation de dépendance humanitaire après près de cinq décennies d’exil.
Oxfam appelle à une action urgente
« Le réseau de Boujdour est un grand succès, mais le Sahrawi Refugee Response Plan (SRRP) 2026–2027 réaffirme que le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène dans les camps sahraouis demeure une priorité humanitaire essentielle », souligne Marco Di Cecco, directeur d’Oxfam en Algérie. « Grâce au soutien d’ECHO et de nos partenaires, nous avons franchi une étape essentielle pour garantir la dignité et la santé des familles. Mais il faut aller plus loin : maintenir des financements pluriannuels, renforcer les services essentiels et inscrire toute réponse humanitaire dans une perspective de droits et de justice, incluant l’autodétermination du peuple sahraoui. L’accès à l’eau ne doit pas être un substitut à la justice, mais un droit fondamental en attendant la paix. »
Ce projet a bénéficié du financement de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne (ECHO), du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et de la coopération suédoise (SIDA).
