Persbericht18 juni 2022

Crise humanitaire au Sud-Kivu : Oxfam lance un projet d’une durée de deux ans afin d’y soutenir les personnes fuyant les violences

Au premier trimestre de 2022, le contexte sécuritaire et humanitaire a continué à se détériorer dans la partie orientale de la République démocratique du Congo, en particulier en Ituri, au Nord-Kivu mais aussi au Sud-Kivu qui compte plus de 1,7 million de personnes déplacées d’après OCHA (le Bureau de Coordination des affaires humanitaires de l’ONU), du jamais vu. C’est dans ce contexte qu’Oxfam, au sein d’un Consortium humanitaire, a démarré au Sud-Kivu un projet humanitaire financé par l’Union européenne visant à soutenir 31 800 personnes dans les domaines de la protection, l’alimentation, l’eau, l’hygiène et l’éducation.  

La réponse humanitaire d’urgence lancée en avril 2022 vise à soutenir près de 32 000 personnes affectées par les conflits dans le corridor Bijombo-Katobo-Lemera-Bwegera au Sud-Kivu. Pendant deux ans, une alliance d’ONG internationales et congolaises va répondre aux besoins définis comme prioritaires par les communautés touchées, à savoir : la protection, l’éduction en situation d’urgence, la distribution d’eau potable et le rétablissement ou la création de structures d’hygiène et d’assainissement.

Les populations en déplacement soutenues par Oxfam ont subi la perte quasi-totale de leurs biens essentiels ainsi que la dégradation ou la destruction de leurs logements. Les familles d’accueil sont soumises à une grande pression et seront soutenues également.

Protection des populations déplacées

Des violations des droits humanitaires et du droit international humanitaire sont rapportées chaque jour par les communautés déplacées vivant à l’Est de la République Démocratique du Congo. Les violences sexuelles sont courantes et ont atteint des niveaux effroyables. Le recrutement d’enfants, l’extorsion, les violences physiques, les meurtres, les pillages et les attaques visant les écoles et les établissements de santé sont également fréquents. La protection des populations déplacées figure donc au sommet des priorités de ce projet.

Le programme mettra en place 20 structures de protection communautaires pour identifier les principales menaces auxquelles font face les communautés déplacées et pour trouver le meilleur moyen de les contrer, en collaboration avec les autorités. Ce travail de prévention se fera dans chaque structure via le Forum des Femmes notamment, dont l’objectif est d’assurer un cadre d’expression pour les femmes, où elles peuvent discuter des menaces de protection auxquelles elles sont confrontées.

Il se fera également par l’entremise d’agents et agentes de changement chargés d’analyser les besoins de protection au niveau de leurs localités. Ces personnes sont membres de réseaux locaux, comme des enseignants et enseignantes, des groupes de parents d’élèves, des relais communautaires dans les centres de santés et ont déjà un réseau pour faire passer les informations ou sont reconnu.e.s au niveau local.

Eau, hygiène, assainissement

L'accès à l'eau, à l'hygiène et à l'assainissement demeure insuffisant au regard du nombre de personnes déplacées. Les risques de maladies hydriques et d'épidémies sont très élevés. Les latrines, les sources d’eau et les salles d’eau sont insuffisantes.

Le projet prévoit la réhabilitation de 30 sources d’eau, de 20 systèmes de collecte d’eau de pluie dans 20 écoles, la réhabilitation de 400 latrines et la mise en place d’autant de stations de lavage des mains. Cette intervention devrait permettre à environ 25 000 personnes, dont de nombreux écoliers et écolières, à retrouver des conditions d’hygiène acceptables. Des points d’eau seront construits dans un rayon de maximum 500 mètres autour de 20 écoles, afin de permettre aux enfants un accès à l’eau rapide et aisé.

Il prévoit également la mise en place et la formation de brigades scolaires dans 20 écoles et de séances de formation et de sensibilisation à destination d’enfants sur l’hygiène publique, l’organisation de théâtres et de jeux à destination d’enfants et la distribution de dépliants sur l’hygiène.

Le retour des personnes déplacées risque de prendre du temps car la crise que connait le Sud-Kivu est un défi chronique dans tout l’est du pays : depuis près de 30 ans, l’Est congolais connaît une guerre d’intensité variable et les mouvements de populations sont incessants depuis. Le projet prévoit donc de créer 30 comités de l’eau, composés notamment de plombier.ère.s et de technicien.ne.s qui veilleront à l’entretien des installations mais aussi au reboisement des zones environnant les points d’eau afin d’éviter l'érosion des sols et dans les écoles pour verdir l'environnement éducatif.

Protéger l’éducation en situation d’urgence

De nombreuses écoles servent aujourd’hui de lieu d’hébergement de fortune pour les personnes déplacées ou sont complètement débordées. Le constat des communautés était sans appel : une génération entière risque d’être sacrifiée si rien n’est fait pour apporter une assistance en éducation en situation d’urgence. Le projet prévoit de construire (ou de réhabiliter) 20 écoles primaires, d’aider 800 enfants à réintégrer l’école, de veiller au rattrapage scolaire de plus de 1000 enfants et de former 200 enseignants et enseignantes à l’éducation en situation de crise.

Ce projet a été financé par la DG de l’Union européenne pour les opérations de protection civile et d'aide humanitaire (ECHO).

 

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