Pampha Pariyar se lave les mains au robinet installé par Oxfam

Le projet qui fit à nouveau couler l'eau sur le toit du monde

Avec ses 6 000 rivières et sa chaîne de montagnes qui fleurtent avec le ciel, on n’imaginerait pas un seul instant que les Népalais.es puissent manquer d’eau. Et pourtant, lorsqu’un séisme a mis le pays à terre en 2015, 71% des canalisations d’eau étaient dysfonctionnelles. Au lendemain du tremblement de terre, Oxfam s’était donné une mission : révolutionner la gestion de l’eau dans trois districts. Bilan d’une success story 

Le séisme de magnitude 7.9 qui a dévasté le Népal en 2015 a marqué le pays à jamais : plus de 8 000 vies perdues, 300 000 habitations (partiellement) détruites et des centaines de kilomètres de réseaux d’eau éventrés. 

Alors lorsque l’équipe d’Anjil Adhikari, responsable des projets liés à l’eau, l’hygiène et l’assainissement d’Oxfam au Népal, a été mandatée par le gouvernement pour prendre part aux réparations (l’état népalais, qui venait à peine de se relever d’une guerre civile, ne pouvait assumer seul les coûts de la reconstruction estimés à 8 milliards de dollars), il savait que la tâche serait ardue.  

Il se souvient : « Lorsqu’on nous a mandatés, nous savions que 71% des systèmes d'approvisionnement en eau étaient dysfonctionnels. Il était évident que si nous nous contentions de réparer les dommages sur les réservoirs, les canalisations et les points d’eau des trois districts dans lesquels nous devions intervenir et d’ensuite confier leur gestion aux communautés, nous serions confrontés aux mêmes problèmes dans trois ou quatre ans ».  

Vers une gestion de l’eau durable 

La raison invoquée par Anjil est simple : « Traditionnellement, les systèmes d'approvisionnement en eau sont gérés par les communautés elles-mêmes en zone rurale. En plus de leur travail et de la gestion d'un foyer. Ces comités bénévoles n’ont pas la capacité d’effectuer des inspections et de la maintenance quotidiennement. Pour éviter que des pannes et le manque d’eau refassent surface, nous sommes donc passés de multiples systèmes de gestion de l’eau dans chaque village à un seul vaste système d'approvisionnement, dont on a confié la gestion à des professionnels rémunérés ». 

L’impact sur la vie des personnes fut révolutionnaire, comme en témoigne Archita Upreti Shrestha, directrice du comité qui gère la distribution de l’eau dans le district de Rautahat où Oxfam est intervenue dès 2015.

Notre approche est beaucoup plus efficace et plus économe

« Il y a neuf ans, nous avons construit un réservoir d'eau d'une capacité de 300 000 litres, installé des panneaux solaires pour pomper l’eau potable du sous-sol vers le château d’eau, réhabilité des canalisations et un puits fournissant de l'eau à 1 068 ménages. Aujourd’hui, l’eau coule toujours à flot. Mon équipe planifie la maintenance des réseaux d’eau dans tout le district de manière holistique et distribue l’eau en fonction des besoins. Notre approche est beaucoup plus efficace et plus économe ». 

Archita Upreti Shrestha, directrice du comité de l’eau dans le district de Rautahat 

Une petite révolution de l’eau pour les communautés 

Le projet déployé par Oxfam et son partenaire Focus Nepal, une ONG de lutte contre les inégalités népalaise, a transformé la vie de Pampha Pariyar, une agricultrice qui fait pousser du maïs et du millet dans un village reculé du district de Dhading, une autre zone d’intervention d’Oxfam. Avant que nos équipes n’installent des robinets d’eau dans chacune des 51 maisons que compte le village, Pampha était contrainte de se lever au milieu de la nuit pour aller chercher l’eau à l’unique robinet du village.  
Le gain de temps pour Pampha est gigantesque. Des heures précieuses de sa journée peuvent désormais être consacrées à sa petite-fille dont elle s’occupe depuis que son fils a migré en Arabie Saoudite, à son temps libre et au travail aux champs. Elle a même démarré un élevage de poules, de chèvres et de quelques vaches.  

Aujourd’hui, nous avons tous accès à un robinet chez nous

« En raison de la rareté de l'eau, chacun devait remplir un nombre fixe de seaux au robinet, ce qui donnait souvent lieu à des conflits entre nous. Nous devions nous lever à 3 ou 4 heures du matin. Les personnes qui possèdent du bétail transportaient l'eau 10 à 15 fois par jour ! Aujourd’hui, nous avons tous accès à un robinet chez nous. Avec l’aide du Comité de gestion de l’eau, nous avons convenu que nous pouvions nous contenter de deux heures d’eau par jour. Ainsi, on ne pompe pas trop d’eau dans le sous-sol, il suffit d’être organisés. »

Pampha Pariyar, agricultrice dans le district de Dhading

Un projet qui transforme des vies

Jo Trevor, spécialiste de la gestion de l’eau chez Oxfam, qui a contribué au déploiement du projet, en résume les bienfaits : « Ce genre de projet transforme la vie des communautés. En garantissant l'accès à l'eau, on augmente la productivité économique des gens, on améliore leur santé et on augmente la scolarisation des filles qui sont souvent chargées de corvées liées à l’eau ». Un projet qui pourrait même faire des petits puisqu’en décembre 2023, le ministre népalais en charge de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement, Mahendra Ray Yadav, a publiquement salué le travail d'Oxfam et affirmé que ce modèle pourrait être reproduit dans tout le pays. 

Le projet en chiffres

des canalisations d'eau du Népal étaient dysfonctionnelles

Le nouveau réservoir d'eau à Rautahat a une capacité de 300 000 litres

personnes ont un meilleur accès à l'eau grâce au projet

Notre objectif est d'atteindre 60 000 personnes en fin de projet

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